Page:Tinayre - La Rancon.djvu/282

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la satiété et le dégoût. Mais il s’accrochait aux débris de son bonheur, à cette épave misérable où il avait lié Jacqueline pour flotter avec elle dans l’orage et s’engloutir sans se séparer.

Un après-midi de janvier, averti par une télépathie mystérieuse, Étienne attendait la jeune femme, presque certain qu’elle allait venir. Il avait ouvert sur sa table le coffret qui contenait leur correspondance tout entière, saisi par ce caprice mélancolique de demander au passé les raisons de confiance que le présent ne lui donnait plus.

La clochette soudain résonna. C’était Jacqueline, rose de froid, dans sa jaquette de velours et son frissonnant collier de plumes grises. Sachant combien son ami, depuis quelque temps, s’irritait de ses longues absences, elle était montée chez lui, pour une minute, une minute, pas plus.

— Pas plus ? dit-il d’un air chagrin. En êtes-vous donc à me mesurer les minutes ?… Autrefois…

— Chut ! fit-elle, en mettant un doigt sur ses lèvres. Ne nous querellons pas.

Elle s’assit sur le divan et, vaincue par les supplications d’Étienne, elle enleva sa toque et son manteau. Puis, regardant autour d’elle, elle aperçut le coffret ouvert.

— Nos lettres ?