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rence, mais pas assez pour que Jacqueline n’y devinât la fêlure d’une émotion.

— Je vais le lui donner tout de suite.

La porte de la bibliothèque craqua sur ses gonds et la voix argentine reprit :

— Merci, monsieur Chartrain. Ça me fait bien plaisir… Et puis, vous verrez comme je vais bien travailler en Algérie.

— En Algérie ? Votre départ est décidé ?

— À peu près, dit Paul. Je viens d’en causer avec ma belle-mère et j’en parlerai à ma femme, ce soir… Je suis encore très fatigué. Mais comme j’ai du travail pour tout l’hiver, je partirai tranquille.

— Et la Revue ?

— Je continuerai, là-bas, ma collaboration. Je pense même écrire un roman… Une idée qui m’est venue après la fameuse discussion sur l’adultère ! Je veux écrire le roman du mariage, sans drame, sans événements extraordinaires, la simple histoire de simples gens qui s’aiment, qui s’entr’aident, qui élèvent leurs enfants. La femme est un peu coquette, le mari jaloux… Ils se querellent quelquefois et se raccommodent et tout s’arrange parce que ce sont de braves cœurs… On dira peut-être que ce n’est pas un sujet