Page:Tinayre - La Rancon.djvu/289

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Vallier se leva :

— Allons, nous te laissons travailler. À bientôt, mon cher. Georges, embrasse ton ami !

Les pas se perdirent dans le couloir… Une minute après, Étienne entra dans la chambre.

Jacqueline était assise au bord du lit… Le jour déclinant éclairait mal son visage. Les deux amants se regardèrent en silence… Puis elle dit, lentement :

— Voilà une scène que Paul n’a pas prévue… Ça ferait bien dans son roman, dans ce roman du mariage qu’il veut me dédier…

Chartrain voulut s’approcher. Elle eut un geste de recul si violent, qu’il en comprit le sens terrible et il tomba, accablé, dans un fauteuil.

Jacqueline, sous les rideaux, sanglotait.

Et devant l’évidence qui s’imposait, devant le devoir suprême dont il ne pouvait plus retarder l’accomplissement, Étienne fléchit… Il cria de douleur comme s’arrachant l’âme… Oui, c’était fini, non pas de sa tendresse pour Jacqueline, non pas de sa passion même qui sortait déchirée, saignante et vivante, de tant de batailles — mais c’était fini du bonheur… Étienne ne voulait plus accepter le sacrifice de Jacqueline, posséder ce corps qu’elle sentait souillé, meurtrir ce cœur qu’il avait