Page:Tinayre - La Rancon.djvu/293

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Elle l’étreignait avec une ardeur farouche :

— Vivre sans toi !… Ne plus revenir ici !… Non, mille fois non !… Mieux vaut mourir ensemble !

— Mourir ? dit-il… Tu n’en as pas le droit. Ni ta mort, ni ta vie ne m’appartiennent. Suis le vœu de ta conscience. Retourne à ton foyer. Vis pour l’enfant.

— Et toi ?

Il répondit tout bas :

— Ne crains rien… Je vivrai… pour que tu aies la force de vivre.

— Malheureux que nous sommes !… Oh ! malheureux !…

Elle attira sa tête inclinée et, dans les cheveux de Jacqueline, au contact de cette poitrine de femme, dans cette étreinte qui le berçait, Étienne, ramené aux immenses chagrins, à l’immense faiblesse de l’enfance, éclata en sanglots déchirants.

Il faisait nuit. Jacqueline ne parlait plus, et, dans la chambre où les amants avaient vécu les jours heureux, on n’entendait plus que ces sanglots qui semblaient demander grâce.