Page:Tinayre - La Rancon.djvu/66

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suis-je pas votre meilleur ami ? Que craignez-vous de moi, Jacqueline ?… Excusez-moi, reprit-il, je vous ai nommée tout haut comme je vous nomme dans mon cœur…

— Vous m’aimez donc encore un peu ?

Elle était si près de lui que ses bandeaux effleuraient la joue d’Étienne. Un désir irrésistible lui vint de répondre par un baiser. Mais il se contint, et avec une nuance de mélancolie :

— Vous le savez bien, dit-il. Je vous aime… comme un frère aîné.

— Vous ne me blâmerez jamais d’être venue ? Les hommes sont si étranges, si injustes. Ils prennent nos témoignages d’affection pour des manœuvres de coquetterie. Mais notre amitié est tout à fait exceptionnelle.

Il s’efforça de sourire.

— Tout à fait. Je ne suis pas homme à abuser de votre confiance… ma réserve dût-elle me coûter des efforts.

Elle prit un air naïf, mais son cœur battait de joie. Ces derniers mots d’Étienne, c’était presque un aveu. L’éternelle curiosité, l’invincible élan de l’amour vers l’amour triomphèrent de sa timidité.

— Alors, dit-elle, vous n’avez pas trop mauvaise opinion de votre petite amie ? Cependant, avouez