et bientôt elle s’attacha au petit être qui grandissait sous ses yeux. Mais le sentiment maternel, quoi qu’en disent les moralistes, n’est pas inné chez toutes les femmes. Il demande, comme les autres sentiments, une éducation préalable. Beaucoup de mères ont la vocation irrésistible et le génie naturel ; mais beaucoup d’autres, surtout parmi les femmes cultivées et raffinées, auraient besoin d’être préparées à leur nouveau rôle. Souvent elles deviennent mères trop vite et, contrairement à l’opinion des aïeules impatientes d’embrasser leur petit-fils, c’est un malheur que l’enfant vienne avant d’avoir été rêvé et désiré. Jacqueline n’était pas faite pour l’esclavage du berceau. Dès qu’elle fut rétablie, heureuse de se retrouver intacte, embellie par la nature qui l’avait épanouie sans la flétrir, elle prit la brillante revanche des longs mois de fatigue et d’ennui. Elle aimait son petit Jo, certes, et elle en était fière. Mais il grandissait sans accident, vigoureux et magnifique, et la jeune femme ne devait pas connaître ces anxiétés qui décuplent l’amour des mères. Elle prenait en pitié, sincèrement, ses amies qui acceptaient les risques des maternités nombreuses, l’allaitement qui épuise et déforme, les menus soucis de la
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