Page:Tinayre - La Rancon.djvu/77

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Est-ce que je ne l’aimerais plus d’amour ?… » songea-t-elle.

Une affreuse certitude l’envahit.

« Non, je ne l’aime plus d’amour… et je ne voulais pas me l’avouer à moi-même… Pauvre Paul ! Pauvre ami ! S’il savait !… Il m’est cher pourtant. Je donnerais ma vie pour lui. Je lui serai toujours fidèle. Mais ce n’est plus l’amour, oh non ! Et j’aime Étienne. — Elle frémit à cette pensée. — Je ne peux plus m’abuser… Mes jalousies, mes regrets, mes larmes, c’est de l’amour. Quelle chose terrible ! »

Elle restait au pied du lit à demi vêtue, se répétant en elle-même : « Quel malheur !… Quelle chose terrible !… » — mais surprise de n’éprouver aucun des violents remords classiques en pareil cas. Elle ressentait pour son mari une compassion affectueuse, avec le regret de l’avoir éconduit brusquement… Il l’appelait :

— Viens donc !

— Cher Paul, cher mari ! dit-elle avec attendrissement.

Il lui semblait qu’elle devenait la débitrice de Vallier… Elle lui prit la tête dans ses mains et l’embrassa. Puis, elle regarda le visage souriant du jeune homme. Paul était infiniment cher, en-