Page:Tinayre - La Rancon.djvu/85

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pensais à votre triste retour dans cette gare où personne ne vous attendait…

— Vous êtes meilleure encore que je n’aurais osé l’espérer, répondit-il très ému. Ah ! vous avez été bien inspirée. Je redoutais d’être seul, en effet, après ces heures…

— J’ai pensé à vous, tout le temps.

— Votre lettre m’a fait du bien… Je ne savais comment y répondre. Je vous raconterai tout cela. Vous m’accompagnerez, n’est-ce pas, vous ne me quittez pas encore ?

— Je suis à vous jusqu’à ce soir.

Dans la voiture, il ne cessa de lui presser les mains. En peu de mots, il expliqua son brusque départ, la courte maladie de sa mère, foudroyée par une congestion. Elle était morte dans le coma, sans connaissance, ni souffrance.

— Mais vous, vous avez souffert, dit Jacqueline quand ils se retrouvèrent seuls, rue Vauquelin… Je n’ai jamais vu mourir personne. J’étais toute petite quand j’ai perdu mon père. Ce doit être un spectacle affreux.

— Affreux, dit Étienne… Mais l’épouvante physique de la mort est peu de chose auprès de l’angoisse morale qui m’a saisi… J’arrivais, espérant pour ma pauvre mère, sinon la guérison, du moins