Page:Tinayre - La Rebelle.djvu/196

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l’amitié… Respectait-il le deuil de la veuve ? Aimait-il, ailleurs, une autre femme, comme font tant d’autres hommes qui séparent la joie spirituelle du plaisir des sens ?… Était-il un curieux de sentiments rares, un dilettante du platonisme ?… Dans tous les cas, son amitié exigeante se heurterait au silence pudique de Josanne… Elle ne lui devait pas l’aveu qu’une maîtresse peut bien faire à un amant, mais non pas une amie à un ami. Il est des voiles de l’âme qui ne tombent que pour l’amour, avec tous les autres…

Josanne raisonnait ainsi pour s’encourager au silence, rassurée par ce mot d’ « amitié ». Mais elle ne savait pas que l’amour vrai, — celui qui dure, — est aussi le plus chaste amour ; qu’il demande le cœur, et tout le cœur, d’abord, avec une inquiétude inapaisable, qui ne laisse point de place au désir…