que Josanne devienne amoureuse : elle bâclerait ses articles… »
— Bâcler ses articles ?…
Le « patron » reparut dans l’homme. Foucart se fâcha tout à fait :
— Je me f… pas mal que mes collaboratrices fassent l’amour, pourvu qu’elles fassent leur service !… Je prierai mademoiselle Bon de parler à la petite Valentin…
Mademoiselle Bon n’était pas moins consternée que Foucart. Elle avait entendu les doléances de madame Gonfalonet, présidente de la « Fraternité féminine ». Madame Gonfalonet, qui appartenait à l’âge héroïque du féminisme, à la génération des Paule Mink et des Potonié-Pierre, était plus que hardie dans ses idées et dans ses discours, et plus que timorée dans la conduite de sa vie. Cette excellente femme, qui se faisait gloire de n’être point frivole et de n’avoir jamais porté de corset, étalait des appas défaillants sous le mérinos noir d’un vêtement « réforme » ; elle avait un chignon dans un filet sous une toque de fausse loutre ou un « tyrolien » en paille noire, et se chaussait de larges bottines élastiques qui « ne lui abîmaient pas le pied »… Prompte à réclamer la liberté de l’amour, le « matriarcat » et la protection des enfants par l’ « État-Père », madame Gonfalonet avait vécu très simplement, très chastement, sous la loi de son tyran Gonfalonet, le meilleur homme du monde, plus féministe que sa femme. Veuve, elle ne voulait point quitter le deuil.
Madame Gonfalonet avait remarqué, non sans horreur, que le demi-deuil de Josanne s’éclaircissait : le gris devenait blanc, et le violet, rose. Un soir, au