Page:Tinayre - La Rebelle.djvu/37

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par la suspension, puis dans la chambre mi-obscure, où l’on entendait le petit souffle de l’enfant.

— Ah ! te voilà ! dit Pierre.

Couché sur le lit, il ne bougeait pas. Elle balbutiait :

— Je suis très en retard… Pardonne-moi… J’ai… On m’a retenue… Alors, j’ai pensé que Maria…

— J’ai failli la flanquer à la porte, Maria !… Sale, bavarde et paresseuse !… Tu l’as bien choisie !… Mais tu ne m’écoutes jamais… Je n’ai aucune autorité chez moi… Ma femme me donnera toujours tort, même contre la servante !… Évidemment, je ne suis bon à rien, donc je n’ai rien à dire…

— Oh ! Pierre ! tu sais bien…

— J’embête tout le monde… Je suis une charge pour toi…

— Pierre, tu n’as pas le droit de parler ainsi !… Tu es malade : je te soigne le mieux que je peux, et pas seulement par devoir… par affection… Ai-je l’air de te reprocher…

— Non, tu n’as pas l’air, mais au fond… Quoi ? tu vas pleurer… Voilà les femmes !… Tu ferais mieux de chercher la clé que Maria a perdue…

— Quelle clé ?

— La clé de la boîte à pharmacie…

— Mais…

— Quoi, mais ! Ah ! je comprends… Tu l’as cachée… Tu ne veux pas que je prenne mon éther, qui me soulage… qui m’endort… Dis la vérité : tu l’as cachée, cette clé…

— Oui, je l’ai cachée. Le médecin m’a dit…

— Je me f… du médecin. La clé !

— Je t’en supplie, mon Pierre… sois raison-