Page:Tinayre - La Rebelle.djvu/376

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Il élevait la voix et reprenait un peu d’assurance.

Josanne ne bougeait pas. Elle dit seulement :

— Je refuse… Je n’ai pas d’explications à vous donner… Vous n’avez aucun droit sur Claude… Laissez-moi, laissez-nous !…

— Vous m’aviez pardonné… Vous m’aviez promis…

— Ne me rappelez pas ça !… J’étais folle… Je ne savais pas à quoi je m’engageais… Ah ! je suis bien guérie, maintenant !… Je ne peux plus m’attendrir sur vous… Je suis délivrée de vous… Qu’est-ce que vous faites là ?… Allez-vous-en… Je vous le dis sans colère… sans haine… Entre nous, c’est fini, fini, fini…

— Entre nous, soit !… Mais Claude !… Je n’ai aucun droit légal sur lui, et même aucun droit moral… c’est entendu… Pourtant… il est mon fils… Ah ! si vous saviez !… Depuis quelques mois… j’ai tant songé à lui… Je n’aurai jamais, jamais d’autre enfant, Josanne !… Et malgré moi, j’ai eu la curiosité d’abord, et puis la hantise, de celui-là… Ça vous étonne ?… Vous me trouvez ridicule ?… Vous ne me croyez pas ?

— Si, je vous crois !… Pourquoi mentiriez-vous ?… Mais il est trop tard… Tout est changé… Prenez-en votre parti… Chacun aura eu sa part de souffrance… Nous sommes quittes… Je ne vous déteste pas : je ne vous souhaite aucun mal. Je désire même que vous soyez heureux… Seulement, il faut vous dire que nous sommes deux étrangers, deux inconnus… Mon Dieu ! Ne sentez-vous pas, rien qu’à me regarder, ne sentez-vous pas que je suis une autre femme ?…