Page:Tinayre - La Rebelle.djvu/377

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Moi, je vous vois, je vous entends, et je ne vous reconnais plus !… Allez-vous-en !… Que cela finisse !… On va venir… Je vous en prie…

Maurice balbutia :

— Soit ! je me retire, avec un grand chagrin, et sans comprendre… nous ne nous verrons plus… Adieu, Josanne…

Il ouvrit la porte…

— Adieu.

La porte se referma.

Josanne se rassit au chevet de Claude… Elle avait un tremblement nerveux de tout le corps ; le sol manquait sous ses pieds… Elle pensa :

« Noël !… Noël !… S’il avait trouvé cet homme, ici !… Et quand il saura, tout à l’heure… car il saura… Je lui dirai tout… Oh ! qu’il me comprenne, qu’il sente que l’autre n’est rien pour moi, rien… »

Elle répétait tout haut :

— Rien !… rien !…

L’image récente de Maurice était devant ses yeux, si différente de l’image qui était restée dans sa mémoire et que le travail du souvenir avait transformée, embellie parfois, et parée d’un charme troublant… l’amant de sa jeunesse, le père de Claude, c’était donc cet homme qu’elle avait senti tout à l’heure, si lointain, si détaché ?… Non, elle ne le détestait pas… Elle n’éprouvait pour lui aucun sentiment… Il était comme s’il n’était pas…

Elle prit la petite main de son fils, qui traînait sur la couverture, et elle la baisa, doucement, doucement.

— Madame ! dit la Tourette, v’là m’sieur le doc-