Page:Tinayre - La Rebelle.djvu/42

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— Non ! non !… J’ai autre chose à faire demain matin. Je ne veux pas mettre le journal en retard… il y a du grabuge, là-bas !… Foucart et sa femme sont inquiets… Ils redoutent la concurrence, les nouveaux magazines : FeminaLa Vie heureuse… Foucart a dit : « Nous les enfoncerons… Oui, nous ferons un trust… » Mais des collaborateurs sont partis, des abonnés se sont désabonnés… Si tu voyais la rage de Foucart !… Quelle boîte !… Dire qu’on est bien content de trouver ça !…

Elle ôta sa jupe et sa blouse, dégrafa son corset.

— Où est mon peignoir ?… Tiens, sur le pied du lit, depuis ce matin !… Vraiment, la Tourette n’a pas d’ordre…

— Bah ! dit Pierre, c’est une brave femme, après tout !…

Soulevé sur le coude, il regardait Josanne. La lumière, tamisée par un abat-jour de papier rose, l’enveloppait toute d’un chaud reflet… Droite, un peu cambrée, elle rattachait en arrière l’agrafe du jupon noir qui collait à ses hanches et s’évasait autour de ses chevilles. Et préoccupée de son travail, du journal, de l’humeur des Foucart, elle ne s’apercevait pas que son geste faisait saillir sa gorge ferme sous la mince chemise, et que l’épaulette de ruban mauve glissait…

Elle s’animait en parlant ; les yeux bleu d’ardoise se veloutaient de l’ombre des cils ; les dents parfaites brillaient… Elle leva ses bras nus pour assurer une épingle dans son chignon, puis elle se pencha pour atteindre son peignoir de molleton rouge. Pierre lui saisit le poignet, au vol :