— Tenez, feuilletez ça… Écrivez quelques lignes un peu aimables pour l’auteur. C’est un de mes amis… Il sera enchanté…
— La Travailleuse ! s’écria Josanne en prenant le livre. Mais je le connais, ce livre… Je l’ai lu… Je l’ai même acheté…
— Fichtre ! vous achetez des livres, vous !… Je le dirai à Delysle quand il reviendra d’Italie…
Il se tourna vers Madeleine :
— Vous vous rappelez Noël Delysle ? Je l’ai un peu connu à l’École de droit… Et nous avons dîné avec lui, je ne sais où… au Ministère des colonies, peut-être… Un grand, brun, froid comme un Anglais… Il revenait du Canada… Il a eu plusieurs missions…
Madame Foucart n’avait aucun souvenir de Noël Delysle…
— Alors, ma petite Valentin, nous comptons sur vous… Demain, à la première heure, votre copie à l’imprimerie… Et, cette fois, pour vous récompenser, je double les vingt-cinq francs des « notices »… Bonsoir.
— Bonsoir et merci, monsieur, dit Josanne en riant. Bonsoir, madame…
Elle s’en alla, joyeuse… Cette fabrication de notices bibliographiques n’avait rien de commun avec la critique littéraire ; mais, cette fois, Josanne avait des choses à dire qu’elle dirait fort bien ! Et M. Noël Delysle verrait qu’elle l’avait compris…
« Cinquante francs au lieu de vingt-cinq !… Quelle chance !… J’achèterai une autre blouse !… »