Page:Tinayre - La Rebelle.djvu/65

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Et, brusquement :

— Personne ne peut nous rencontrer ? vous êtes sûre ?… Il ne faut pas…

— Ah ! qu’est-ce que ça fait ?

— Je crains pour vous.

— Ça m’est bien égal qu’on me rencontre !… Maurice, je t’en prie, dis-moi…

Côte à côte, ils remontent la rue Lhomond.

— Écoutez, ma chérie, il m’arrive un gros ennui… et même deux gros ennuis… D’abord, je repars ce soir…

— Mais tu es arrivé ?…

— Lundi dernier…

— Et je ne le savais pas ! Oh ! Maurice !

— J’ai eu mille choses à faire. À cause de ce pont, tu comprends ? Il y aura des expertises, des rapports, un tas d’histoires. Et ça finira par un procès… Lamberthier repart avec moi. Il a décidé ça brusquement, hier… Alors, je n’ai pas voulu m’en aller sans m’excuser, sans vous dire adieu. Je n’osais pas vous écrire chez vous. Je ne pouvais pas vous écrire au journal, puisque c’est dimanche. Je suis donc venu, à tout hasard.

Josanne hoche la tête. Maurice est bien bon ! Mais elle ne sait pas, elle ne peut pas le remercier. Non, elle ne trouve pas les mots. Ses mains sont froides. Son cœur bat, à grands coups qui lui font mal. Et quelque chose — émotion ?… pressentiment ? — l’étrangle…

— Tu… vous… vous reviendrez bientôt ?

— Je ne sais pas.

Ils marchent encore, en silence.

— Et l’autre ennui que vous avez ?…