Page:Tinayre - La Rebelle.djvu/68

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Non. Mais vous deviez peut-être me le demander, puisque le mensonge vous pesait tant !… Oui, avant de bouleverser notre vie, vous auriez pu chercher, avec moi, le moyen de concilier vos scrupules et notre amour… les devoirs que vous a donnés notre amour… Mais vous vous êtes décidé, seul, brusquement…

— Si je vous avais revue, avant de me décider, Josanne, j’aurais été, comme toujours, faible… oui, faible et amoureux… Je me suis défié de moi-même… et, maintenant, j’ai pris mes précautions contre mon cœur… J’ai promis à ma mère…

— Ah ! vous avez promis… Soit !… nous rentrons dans l’ordre… Votre conscience délicate se rassure… Je ne peux pas quitter mon mari… Je ne veux pas le quitter… Quelle chance pour vous !… Si j’étais moins dévouée à ce malade, vous auriez une maîtresse et un enfant sur les bras ! Et votre maman ne serait pas contente !… Mais mon « dévouement admirable » simplifie tout…

— Josanne…

— Oui, vous avez raison, et votre mère aussi a raison… Je ne peux pas quitter mon mari, et vous me renvoyez à son chevet, d’un beau geste !

— Ainsi, vous accepteriez de vivre, toujours, dans le mensonge, dans les transes, dans les drames !… Moi, je ne peux plus… Je veux les conditions normales de la vie qui me permettront de travailler, de préparer l’avenir… Je vous parais odieux, vil et terre à terre… Réfléchissez : vous-même, délivrée de ce tourment perpétuel, de cette hantise de l’amour, vous serez plus paisible et plus forte… Je vous ai