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VIII


La retraite sonna, très loin ; des tambours battirent, saluant le beau jour d’octobre qui mourait.

Il mourait en pleine douceur. Il se fanait comme un jardin d’automne, dans le parfum des feuilles mortes et du buis. Le ciel, au-dessus de Chartres, restait clair, d’une froide lumière jaune ; mais des nuages ardoisés s’amassaient à l’horizon et déjà l’on sentait l’humide fraîcheur qui monte de la rivière. La basse ville était noyée de brouillard.

Il n’y avait plus personne dans les ruelles déclives des vieux quartiers, personne devant le parvis de Notre-Dame. Les promeneurs, les touristes étaient partis. Maintenant, la cathédrale était seule sur la place où sa grande ombre ne peut s’allonger tout entière. Elle était seule, muette et parée comme une reine gothique en oraison ; derrière elle, les charmilles de l’Évêché tendaient leur tapisserie somptueuse aux