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plus mal qu’à l’ordinaire, pendant un séjour à Choisy, elle s’excusa de ne point descendre au salon. À deux reprises, Louis XV réclama sa présence, et comme on lui répétait qu’elle était hors d’état de paraître, il dit sèchement : « A-t-elle la fièvre ? — Non, Sire. — Alors, qu’elle descende !… »

C’est le sang de Louis XV qui parle, dans cet égoïsme inconscient. Le bisaïeul n’aimait pas qu’on fût malade, et il traînait, dans son carrosse, des femmes en grand habit, qui, fiévreuses, convalescentes, grosses ou récemment accouchées, devaient supporter le soleil et le vent, les cahots, sans jamais se plaindre. Mme de Pompadour voit approcher le temps où elle ne pourra plus ne pas se plaindre. Elle sent, avec effroi, le battement irrégulier de son cœur, l’instabilité de ses nerfs surmenés, le trouble profond qu’ont laissé, dans tous ses organes, les maternités avortées et inavouées. Elle se consume dans cette existence qu’elle appelle — comme celle du chrétien — un combat perpétuel et, parvenue à l’éclatant sommet de sa fortune, elle considère, devant elle, la route qui redescend…

Il est bien vrai qu’elle s’est élevée, très vite, et