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Ce qui lui coûta son grade dans le régiment des Gardes françaises et lui valut vingt ans de détention.

Cependant, dans les rues de Paris, on ramassait des papiers qui portaient cette inscription : « Rasez le Roi, pendez Pompadour, rouez Machault. » Le cri populaire montait, contre la favorite et ses créatures, cri sincère, injuste parfois, qu’un souverain ne peut dédaigner sans crime et ignorer sans péril — le même cri qui montera, plus tard, contre l’« Autrichienne » et que Louis XVI ne saura pas mieux entendre que Louis XV ne l’a entendu.

Le comte d’Argenson demeurait encore en face de la marquise détestée ; mais il avait senti la force de l’adversaire, et il composait avec cette force. On le vit aux dîners de Mme de Pompadour. Il la conduisit à l’exposition des tableaux du Louvre. Ce furent toutes les apparences d’une réconciliation, tandis que d’Argenson préparait déjà, avec la complicité de sa vilaine maîtresse Mme d’Estrades, le renvoi de la favorite et la faveur de Mme de Choiseul-Romanet.

Ainsi, au cours des années, Mme de Pompadour ruine ses ennemis, par dessous, avec une patience obstinée et des ruses infinies. Elle les attaque en ordre dispersé comme Horace fit des Curiaces. Ce