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Autre sujet d’inquiétude : on voit un jour, à Compiègne, une très belle fille qui se montre à la Comédie de la ville, au souper public du Roi, parmi les invités qui suivent la chasse. On l’appelle Mlle Dorothée. D’où sort-elle ? Nul ne le sait exactement. On la dit fille d’un porteur d’eau de Strasbourg, amenée par un Gascon nommé Du Barry, « le plus mauvais sujet qu’il y ait en France ». Cet homme — qui reparaîtra plus tard, avec une autre belle fille à jeter dans le lit du Roi vieillissant — fonde tous ses espoirs sur le succès de Dorothée… Mais Lebel, le valet de chambre, tout dévoué à Mme de Pompadour, persuade Louis XV que la belle Dorothée n’est pas sûre, l’amant gascon étant rongé d’un vilain mal que Sa Majesté n’a pas le pouvoir de guérir comme les écrouelles.

Puis c’est une parente de la marquise, une très belle, très jeune et très sotte personne, mariée par les soins de Mme de Pompadour au comte de Choiseul-Romanet, qui livre l’assaut au cœur du Roi. La marquise, sans méfiance, la met de toutes les parties et couve ce petit serpent avec un autre serpent plus venimeux encore, Mme d’Estrades. Le mari n’est pas gênant ; il est « la plus grosse bête