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Qu’y a-t-il ?… Qui fait cette entrée triomphale dans le pays de la Fantaisie ?… Le Roi ?… Oui, sans doute, le Roi !… Les femmes se précipitent. Elles veulent le voir et surtout être vues de lui… N’a-t-on pas dit qu’il cherchait une Vénus à qui donner la pomme d’or ? Bien des cœurs faciles s’émeuvent sous les dominos. Le flot soyeux des jupes larges, le piétinement nerveux des petits souliers entourent le cortège qui s’avance… Voici la reine Marie, aimable sans beauté, et, bien avant l’âge vieille dame délicieuse, appuyée sur le bras de son chevalier d’honneur ; voici le petit couple princier, les époux adolescents, héros de la fête, le Dauphin et la Dauphine, travestis, lui, en jardinier, elle, en bouquetière… Voici le duc et la duchesse de Chartres… Mais le Roi… ? Il n’est pas dans le cortège… Et les curieuses, déçues, refluent lentement sur le passage de la Reine qui ne les intéresse point.

Cependant, par une autre porte, d’étranges formes sombres arrivent. On dirait que les jardins marchent à la conquête du Château. Huit grands arbres, des Ifs taillés, tout ronds, avec de grosses têtes en boule, processionnent gravement parmi les danseurs. Cherchent-ils leurs hamadryades qui ont