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Page:Tinayre - La Vie amoureuse de madame de Pompadour.pdf/49

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fui les quinconces pour aller au bal ? Sont-ils des dieux métamorphosés ou des héros enchantés par un magicien ? Dans leur noire verdure, on distingue des traits grotesques, les fentes des yeux et de la bouche. « Je te connais, bel arbre, je te connais ! » murmurent les nymphes et les bergères. Le bruit court que le Roi se cache sous ce travestissement végétal… N’est-ce pas lui qui cause avec la petite Mme d’Étiolles ?… La Présidente Portail, fameuse par son audace libertine, voudrait bien dire, en toute certitude à l’If royal : « Je te connais ». Elle s’attache à lui, le perd dans la foule, le retrouve, l’agace, et après un bref colloque, consent à suivre la grosse boule verte qui s’incline comiquement vers elle… Tant pis pour Mme d’Étiolles !… Ce n’est pas elle qui remplacera Mme de Châteauroux…


L’If et la Présidente ont gagné secrètement l’antichambre de l’appartement du Roi. L’homme masqué ouvre une porte, pousse la belle toute émue dans un petit logement obscur qui est celui du premier valet de chambre du Roi. Ils sont en sûreté, seuls et libres, et enhardis par les ténèbres. La Présidente ne se défend pas : elle est trop heureuse d’être vaincue, et parmi le froissement du feuillage