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Dauphin, de tout ce qui émeut le cœur filial et maternel de la Reine. Mais parfois, il y a de longs silences « comme chez les Anglais » et toute la compagnie sommeille, tirée brusquement de ses songes par le bon cardinal de Luynes qui, certain soir, se croyant à l’église, s’est éveillé en sursaut et a commandé :

« Qu’on assemble le Chapitre ! »

C’est une histoire qu’on redira souvent, et qui fera rire le petit cercle de la Reine. Mais, dans l’intimité plus stricte, encore n’est-il pas vrai que l’on se hasarde très prudemment à parler de celle qui, là-haut, sous les toits couronnés de statues, préside le souper du Roi ? Oh ! certes, nul n’oserait blâmer le maître, et quant à la marquise, on lui sait gré d’être polie, point méchante, point médisante et modeste — relativement. Elle a les plus grands égards pour la Reine, et elle oblige doucement le Roi à une déférence conjugale qu’il avait oubliée. Assurément, les temps sont changés ! Ni Mme de Mailly, ni Mme de Vintimille, ni la hautaine duchesse de Châteauroux, n’ont eu de ces délicatesses de femme à femme, que la Reine devine et qui la consolent un peu de l’abandon. Naguère, on n’aurait pas imaginé que le Roi pourrait un