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la femme et son secret

qu’un des époux, sinon tous les deux, se persuade qu’il n’a plus besoin de plaire. Il vit tranquille, sur la foi des traités, comme les nations qui se fient à des pactes solennels et désarment leurs forteresses. Puisqu’on est marié, puisque la loi vous assure par contrat la possession d’une femme ou d’un homme, et qu’on s’en contente, il est inutile de jouer chez soi les séductrices ou les séducteurs. Ne pas se gêner ! Tout est là. Des personnes vénérables vous ont enseigné que tout doit être commun entre époux : le nom, l’argent, le foyer, la table, le lit et le reste… Le reste, hélas !

J’ai connu des jeunes filles que certains tableaux de la familiarité conjugale avaient dégoûtées à tel point qu’elles refusaient de se marier. Dans certaines familles, telles chambres où l’on entrait, par hasard, offraient un spectacle aussi peu voluptueux qu’exagérément naturaliste. Les traces de l’animalité humaine n’y étaient pas dissimulées. Si l’on montrait une répulsion violente pour ces habitudes, on s’entendait dire que « cela n’avait pas d’importance », et puis, cette phrase exaspérante :