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la femme et son secret

époux mesurent au vide qu’il a laissé, le bonheur perdu.

Et voici l’histoire du ménage Philibert.

« Le ménage Philibert se dérange », disaient les amis, et leur joie perçait sous leur fausse commisération. Comment eussent-ils déploré, sincèrement, la fin d’un bonheur qui, depuis plus de quinze années, était une espèce de scandale ? Le ménage Philibert se permettait de démentir la maxime célèbre sur les mariages qui peuvent être bons, mais ne sont jamais délicieux ! Le ménage Philibert montrait l’amour, le vrai amour, l’amour tout court, sans épithète explicative et amoindrissante, dans le cadre conjugal ! Mme Philibert, plus jolie que belle, n’avait aucun génie, sauf celui de son sexe, le génie féminin qui en vaut bien un autre. M. Philibert, par contre, était un grand savant et il était aussi un amoureux, passionnément épris de sa compagne, heureux de la rendre heureuse, tout ensoleillé quand elle riait, tout orageux et sombre quand elle était triste ou malade, tout dépareillé quand elle était absente. Enfin, un homme charmant quoique sérieux. Rien n’est plus rare, parce