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L’HÉROÏSME FÉMININ

cœur à Mme de Clèves, il ne puisse plus être séduit.

Ces gens du xviie siècle, qui aimaient tant faire des portraits, ne peignaient que des caractères. Saint-Simon excepté, et quelquefois Mme de Sévigné, ils nous montrent l’humeur, l’allure, et l’âme de leurs modèles, jamais les traits de leurs visages. Le front « bien coupé », les yeux « brillants », le sourire « engageant », la taille, les bras, la gorge « admirables » ne nous font rien voir du tout. Mme de Lafayette nous dit seulement que Mme de Clèves était blonde. Quant à Nemours, « il était fait de telle sorte qu’il était bien difficile de n’être pas surprise de le voir quand on ne l’avait jamais vu ». À chaque page, cependant, un détail délicat vient achever le dessin de cette figure qui est bien la figure de l’Amant que rêvent toutes les femmes.

On se souvient de la précaution que prend Mme de Clèves, lorsqu’elle a vu clair dans son cœur troublé. Elle se réfugie à la campagne, où son mari vient la rejoindre. Il veut la ramener à la cour. Elle s’en défend, et comme il insiste, elle se jette à ses pieds et lui avoue la vérité, en lui demandant de la secourir