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LE CHEMIN DE LA SAGESSE

gus, lorsqu’il s’agit de cœurs pauvres et de caractères mal équilibrés, le dissentiment habituel tourne à la haine, la terrible haine familiale, bien connue des psychiâtres. Presque toujours l’instinct de rivalité, après de petits chocs, s’apaise. Les habitudes affectueuses persistent. L’orage se dissout. Le mariage de la fille dénoue la crise en supprimant les occasions de heurts, et la magie du souvenir embellit les jours passés qui semblent tous calmes et lumineux.

À moins que la mère ne connaisse un autre genre de rivalité, quand elle devient la belle-mère.

On appelle « belle-mère » une dame qui n’est ni « belle » ni « mère », car sa jeunesse est passée et sa maternité ne peut être que d’adoption. Ce nom est devenu le synonyme d’épouvantail. La belle-mère, monstre féminin tapi au seuil du paradis conjugal, est un personnage de vaudeville, une figure de guignol, une poupée pour jeu de massacre, laide, grotesque, acariâtre, et odieuse jusque dans ses élans de sentimentalité. On craint ses fureurs, mais on sourit de son désespoir, car on la sait