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la femme et son secret

Mais le couvent préparait aussi des Cécile de Volange, faibles têtes prêtes à tourner, proies sans défense des Valmont.

L’ange, la sotte, la folle, la sérieuse, toutes ces filles se savent mariables. L’atmosphère où elles vivent, le « climat » de leur cœur et leur esprit, est tout autre que pour une lycéenne actuelle.

Elles savent peu de chose de l’amour, et elles devinent ce qu’elles ignorent parce qu’elles y pensent comme à un bonheur ou à un malheur imminent.

Leur vie de jeune fille n’est pas divertissante, dans la bourgeoisie surtout. Elles se résignent à être surveillées, enfermées, protégées contre l’homme et contre elles-mêmes, à ne jamais sortir qu’avec un chaperon, à ne jamais recevoir une lettre sans que leur mère n’ait lu cette lettre, avant elles, à ne jamais ouvrir un livre sans que ce livre n’ait été censuré. Quel ennui ! Quelle contrainte ! Les impatientes, les rebelles, s’irritent de cet esclavage imposé par les convenances. Les sentimentales collent des myosotis dans des albums en souvenir d’un petit cousin, chantent des romances qui trompent leur désir de tendresse,