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Page:Tinayre - Les Lampes voilees.djvu/13

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I


La route, creusée d’une double ornière où luisent des morceaux de glace, coupe la forêt en droite ligne et semble fuir à l’infini, parmi les pins sombres, sous le ciel de fer. Il est à peine trois heures de l’après-midi, mais la lumière languit déjà. Le vent du nord-est qui a soufflé toute la nuit, en rafales, du continent sur la Grande-Ile, est tombé tout à coup, et le silence des choses, pareil à l’hébétude d’un malade entre deux crises convulsives, prend un sens secret et menaçant. Tout le paysage, saisi dans la glace immobile de l’air, se fige en formes