Page:Tinayre - Les Lampes voilees.djvu/14

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dures, en ternes couleurs, que brisera, au premier choc, le vent terrible.

Petite silhouette solitaire dans la grisaille hivernale, une femme suit la route, marchant d’un pas vif et masculin, la tête inclinée, les mains dans les poches de son manteau en grosse laine violette. Un bonnet de tricot violet, enfoncé jusqu’aux sourcils, pâlit sa figure brune, aux grands yeux sombres, aux traits fins et longs. Elle va, sans regarder autour d’elle, et par moments, remonte un peu ses épaules frissonnantes qui portent le froid comme un fardeau.

Une automobile bourdonne, dans le massif boisé qui couvre la dune et qui dévale, en pente douce, vers la mer voisine et cachée. Bientôt, le bruit se rapproche, de plus en plus fort et distinct, et une voiturette à capote de toile rabattue débouche d’une allée forestière.

La femme en violet s’est rangée contre le talus couvert de ronces rouillées. Le chauffeur ne l’a pas aperçue. Penché sur le volant, attentif au battement du moteur, il perçoit