Page:Tinayre - Les Lampes voilees.djvu/151

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de son âme redevenue instinctive et primitive, vers les premiers dieux qu’aient adorés les hommes. « Étoiles qui savez nos destins… » La pensée de Laurence s’accrochait à un mot, à une image, puis à une autre, sans transition : « Mon destin ! J’ai cru qu’il avait pris votre figure, Dominique ! Mais puisque je ne peux pas vous joindre et que je vais mourir, c’est donc que je me suis trompée… Mon destin, il m’est apparu, comme il m’apparaît ce soir… La forêt des Violents… l’enfer de ceux qui n’ont pas voulu vivre… Et la neige ! le silence et la chasteté mortelle de la neige !… Ne me dites pas que ce sont là des imaginations. Vous voyez bien que, réellement, je ne peux pas faire un pas de plus vers vous… Hélas ! je ne suis pas Matelda qui va cueillant des fleurs dans la prairie et chantant… Mais ne froissez pas le feuillage des arbres sombres ?… Une lampe, Dominique, une âme voilée !… Allez-vous-en, puisque je ne peux vous atteindre ! D’abord, je ne le voulais pas… Et puis les choses ne l’ont pas voulu. Elles sont plus fortes