Page:Tinayre - Les Lampes voilees.djvu/152

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que nous… Adieu ! Je n’ai besoin de personne pour mourir. J’ai l’habitude d’être seule… Et c’est bien, c’est très bien ainsi… »


Elle divaguait et grelottait quand le docteur Aubenas, conduisant par la bride le vieux cheval qui traînait sa voiture, passa, vers huit heures du soir. Tout d’abord, il ne reconnut pas Laurence et crut qu’une femme de la Grenadière ou de Chalus se reposait, imprudemment, sur une borne de la route. Il l’interpella. Elle ne répondit pas. Alors, la lueur de la lanterne éclaira le manteau et le bonnet violets qu’Aubenas aperçut avec autant de surprise que d’épouvante. Il courut à mademoiselle de Préchateau, l’exhorta, l’apaisa, et réussit à la porter dans sa voiture. À la première maison qu’il trouva, il demanda, pour elle, une boisson chaude et des couvertures, lui donna quelques soins et la ramena chez sa mère.

On crut que Laurence paierait de sa vie cette fantaisie incompréhensible qu’elle avait eue d’aller au Fortin, dans la neige ; elle fut gra-