Page:Tinayre - Les Lampes voilees.djvu/16

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— Allons ! Allons !… Je plaisantais, mademoiselle Laurence. Je voulais dire seulement que votre absence chagrine mon infirmière-major qui connaît votre dévouement et votre exactitude. Madame Dobre m’engageait même à passer chez vous, puisque je traverse le Vert-Village en allant au Fortin…

— Je vous remercie de l’intention, docteur. Ne vous dérangez pas. Ma mère est un peu nerveuse depuis hier, mais point malade. Donnez votre temps à ceux qui ont besoin de vous.

Le docteur grommelle :

— Ils sont trop ! Je n’y suffis plus. Depuis qu’on a mobilisé tous les médecins de l’île, je fais un métier exténuant, mademoiselle, oui, exténuant pour un vieux marin qui a des rhumatismes et du paludisme, et qui est accablé de responsabilités ! Diriger un sanatorium et soigner des gens, écrire des rapports et faire des opérations, courir les routes, recevoir la pluie et le vent, dîner à minuit ou ne pas dîner… Tenez, je préférerais une ambulance en Lorraine…