Page:Tinayre - Les Lampes voilees.djvu/17

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— On ne choisit pas son devoir, docteur, on l’accepte. Vous êtes indispensable au Sanatorium qui fonctionne et prospère grâce à vous… On n’imagine pas Maison-Rouge sans le docteur Aubenas.

— Et l’infirmerie de Maison-Rouge sans mademoiselle Laurence de Préchateau… Il y a plus de quatre ans, n’est-ce pas, que vous instruisez, par charité pure, nos petits infirmes ?

— Il y a six ans.

— Quoi ! déjà six ans ?

Le médecin, réinstallé dans la voiture dont le moteur halette à coups réguliers, jette un vif regard sur la femme immobile.

— Vous étiez si jeune quand je suis venu à Maison-Rouge… dit-il.

Mademoiselle de Préchateau hoche la tête :

— Pas si jeune, monsieur le Directeur. Il y a dix-neuf ans que j’ai perdu mon pauvre père, dix-sept ans que nous nous sommes fixées dans l’île, maman et moi. Vous étiez à Maison-Rouge en 1908. L’année 1916 va finir, et j’ai trente-quatre ans…