Page:Tinayre - Les Lampes voilees.djvu/20

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long détour vers l’entrée principale du Sanatorium.

Ici, l’hiver n’a pas fait son œuvre par degrés ; il n’a pas engourdi la vie dans une lente paralysie progressive, mais il l’a saisie brutalement, en quelques heures, et l’a fixée sur place, avec ses gestes interrompus. Une bêche oubliée se dresse dans la terre craquelée d’une plate-bande. Du linge pendant à une corde a le blanc cru et cassant du plâtre neuf. Voici la brouette du jardinier, des tronçons de choux-bleuâtres, des herbes en tas qu’on devait brûler, des cloches de verre trouble pareilles aux méduses mortes que le flot rejette. Par delà le potager et ses barrières de fusains, voici les pavillons de brique rougeâtre aux toits débordants sur des galeries extérieures ; la maison du directeur, à l’extrémité de l’avenue centrale, la maisonnette du concierge à l’autre extrémité près de la grande porte, sur la chaussée même de la plage. Mais pas un ouvrier, pas une infirmière, pas un enfant, pas un chien. Sur les choses écrasées de