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Page:Tinayre - Les Lampes voilees.djvu/19

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ornières profondes, sur cette route qu’elle suit, tous les jours, à la même heure, depuis cinq ans, cette route qui ressemble à sa vie, droite, sans aboutissement visible et solitaire…


Un chemin raccourci qui grimpe et redescend la dune parmi les chênes-verts et les genévriers, conduit au parc de Maison-Rouge. Entre les pins la côte se dessine, plate avec des maisons blanches serrées autour du clocher de Saint-Eutrope-sur-Mer. Les salines carrées, les prairies marécageuses envahies par les roseaux, quelques vignobles, des bouquets d’arbres détachés de la forêt, descendent jusqu’au bras de mer qui sépare la Grande-Ile de la terre charentaise ébauchée en gris dans le brouillard. Mademoiselle de Préchateau passe, indifférente au paysage trop familier, déjà tout embué de crépuscule. Elle atteint le mur de Maison-Rouge, la porte grillée qui ouvre sur le potager et dont elle possède une clé par faveur spéciale, évitant ainsi la fatigue d’un