Aller au contenu

Page:Tinayre - Les Lampes voilees.djvu/22

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

enveloppés de pansements, sont assis dans un coin, mornes et sages, attendant l’heure du goûter. D’autres vont clopinant sur des béquilles, ou se disloquent à chaque pas. Plusieurs ont le cou gonflé de glandes ou couturé de cicatrices. Un être difforme, au crâne aplati, au menton fuyant, chemine de travers et semble la transposition humaine du crabe.

Madame Dobre caresse la joue de ce nabot, et dit tendrement :

— Voyez ce petit Francinet, comme il est devenu gentil depuis sa dernière opération !

Une satisfaction sincère, presque admirative, se peint dans ses yeux, sur sa grande bouche faite pour les gros baisers de nourrice. Madame Dobre aime tous les enfants ; elle préfère les plus jeunes, et les plus disgraciés parmi les plus jeunes. Sa tendresse de bonne femelle qui ne connaît aucun dégoût a la sérénité d’un instinct ; elle ne se contente pleinement qu’avec les bêtes, les nourrissons ou les infirmes que la maladie retient dans l’animalité de l’enfance.

Mais Laurence de Préchateau n’a pas d’élan