Page:Tinayre - Les Lampes voilees.djvu/35

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Pierquin l’écoute, quoi qu’elle dise ; Massier, que l’étude ennuie et qui se plaît au dessin seulement, traduit en gribouillages ingénus les scènes de l’histoire qu’elle raconte. Le petit Belge aux beaux yeux languissants, aux beaux cheveux plus doux qu’une peluche d’or pâle, sourit quand elle sourit et tend la main pour effleurer, quand elle passe, la laine rugueuse de sa robe. Une espèce de joie luit, à la dérobée, sous les cils de cuivre du petit Jacob qui promène un crayon sur l’ardoise où il trace des bâtons irréguliers. La triste salle s’éclaire et se réchauffe comme si la vertu de l’esprit pénétrait les choses et leur prêtait une âme.

Et cependant, mademoiselle de Préchateau n’est pas caressante et gaie, comme la bonne mère Dobre. Sa voix est un peu sourde ; ses gestes rares et lents ; elle n’embrasse jamais aucun de ses élèves. D’où vient ce prestige qu’elle possède, cette puissance tout autre que le charme féminin, mais si étrangement souveraine que le soldat bleu lui-même a fini par la subir ? Assis près de son fils, il se tourne fré-