Page:Tinayre - Les Lampes voilees.djvu/41

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incident banal, trop banal pour émouvoir personne… Il le sait, mais un immense besoin de sympathie, un secret désir d’assurer au petit André un peu d’affection particulière, obsèdent son cœur paternel. Il met soudain tout son espoir en Laurence. Et il parle… il parle…

Non pas directement à elle : à l’enfant. Elle incline son visage sérieux, approuve d’un signe, et doucement :

— Oui, je vois… Eh bien, André sera mon petit élève. Je lui apprendrai à lire dans un beau livre plein d’images…

Sa voix égale, l’autorité tranquille de son attitude, agissent comme un frein sur l’enfant révolté. Il cesse de pleurer. Il commence à entendre. les mots magiques : le jardin… la plage… les bateaux… les leçons qui ne fatiguent pas… les jeux…

— Tu auras une ardoise, un cahier…

— Et un crayon ?

— Un crayon aussi…

— Pour moi tout seul ?

— Pour toi tout seul…