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Page:Tinayre - Les Lampes voilees.djvu/49

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cette intelligence fine et forte aux splendeurs de la poésie dantesque. Quand il repartit, en novembre, Dominique Pellegrin promit de revenir… Il ne revint pas. Ses lettres, d’abord fréquentes et chaleureuses, se firent plus rares, un peu embarrassées, presque froides. La mobilisation le ramena pour le jeter aux armées. Il écrivit cinq ou six fois seulement en 1913 et, depuis février 1916, ne donna plus aucune nouvelle… Ainsi finit une correspondance qui était douce à mademoiselle de Préchateau. Laurence ne marqua ni surprise, ni rancune, ni chagrin apparent : elle accepta d’être oubliée…

Et qui donc, parmi les amis d’autrefois, s’est montré fidèle au souvenir ? Peut-être, dans les ports de guerre, de vieux officiers, évoquant leurs années d’école et leurs campagnes, prononcent-ils parfois le nom du camarade disparu ; peut-être se rappellent-ils la belle femme qui troublait le cœur des enseignes et faisait soupirer les amiraux, lorsqu’elle paraissait, blanche et blonde, aux bals maritimes ?… Rui-