Page:Tinayre - Les Lampes voilees.djvu/48

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Dans cette existence tout en clair-obscur, un rayon passager : l’amitié d’un homme.

Il se nommait Dominique Pellegrin, et il venait de Toscane où il avait sa maison et ses amours. Humaniste et poète, nourri des lettres italiennes, il avait mis son talent au service du génie, et s’était fait le commentateur passionné, le dévot traducteur de Dante. Déjà, il avait publié des études sur la société florentine au xiiie siècle ; un livre, Dante et ses amis, une version de la Vita Nuova, et il préparait la traduction de l’Enfer. En mai 1913, quelque affaire l’ayant appelé à Saintes où il avait ses parents, Pellegrin voulut se libérer d’une tyrannie affectueuse qui gênait ses travaux. Il chercha en Saintonge un coin perdu où se retirer jusqu’à l’automne sans trop s’éloigner de sa famille. On lui indiqua le Vert-Village et le pavillon de madame de Préchateau. Pendant cinq mois, cet hôte de hasard partagea la vie des deux exilées ; Laurence l’étonna, l’intrigua, l’intéressa enfin passionnément. Il travailla près d’elle, charmé d’initier