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Page:Tinayre - Les Lampes voilees.djvu/58

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teuil, madame de Préchateau guettait les « vents coulis » comme des ennemis personnels et déplorait chaque jour l’absence d’un calorifère.

Cette personne majestueuse, habillée d’un vieux manteau de soirée en velours bleu, coiffée d’une « fanchon » en point de Bruxelles, était couchée plutôt qu’assise dans son fauteuil, et sa jambe droite, déformée par les rhumatismes, s’allongeait sur un tabouret capitonné. Contre le fauteuil, il y avait une table mobile, qui supportait un mélange bizarre de livres, de journaux illustrés, de boîtes et de flacons, et une très belle lampe-potiche. L’abat-jour rabattait un disque de lumière sur les objets hétéroclites qui encombraient cette table, sur le corps étendu de la vieille dame, sur ses mains petites, blanches et molles, aux ongles soigneusement vernis. Le buste caché par les plis du velours, la tête un peu renversée, restaient dans la pénombre et recevaient seulement le reflet du feu. Des yeux clairs encore, une boucle d’oreille, une épingle de jais taillé,