Page:Tinayre - Les Lampes voilees.djvu/65

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du satin couleur de nuit, les fleurs merveilleuses et les oiseaux paradisiaques du voile persan, s’animaient d’une vie fugace, puis ils rentraient dans l’ombre.

Désirée raconta l’événement qui avait ému tout le pays.

— Il y a un bateau à la côte, vous savez ! Il s’est échoué la nuit dernière, sur un banc de sable, et l’équipage est sauvé, mais le bâtiment sera tout perdu, car les vagues le démolissent. Il venait d’Amérique, avec des salaisons. On dit qu’il y a des jambons et des barils de graisse, tant qu’on en veut, sur la plage… Tout le monde y va…

L’instinct atavique des pilleurs d’épaves faisait trembler d’un secret désir la vieille insulaire.

— Si Madame me laissait faire…

— Non, non, Désirée. Vous n’irez pas à la côte.

— Mais personne n’en saurait rien… Et puisque la marchandise sera perdue en tout cas !… Avant que la Marine l’ait enlevée, tout