Page:Tinayre - Les Lampes voilees.djvu/71

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curiosité de tous les arts, de toutes les sciences, et s’intéressait à la politique comme à la philosophie. Il aurait voulu posséder un trésor trop vaste, aujourd’hui, pour une seule intelligence : la connaissance universelle, le patrimoine total de l’esprit humain.

Il avait la passion des idées, mais non pas comme des abstractions pures : il les aimait vivantes, créatrices de sentiments et d’actions, en évolution perpétuelle ; ou bien transposées en figures et en symboles par la vertu souveraine de l’Art.

Laurence ne pouvait séparer le souvenir de Dominique des maîtres qu’il lui avait appris à vénérer. Avant de le rencontrer dans la vie, elle avait beaucoup réfléchi et beaucoup lu ; les livres qui lui venaient de son père composaient une bibliothèque petite, mais variée, d’une qualité excellente. Ces livres avaient remplacé les professeurs absents. Laurence, comme il arrive aux solitaires, était plus instruite et mieux instruite que la plupart des femmes élevées dans les collèges ou les couvents. Mais elle n’était