Page:Tinayre - Les Lampes voilees.djvu/72

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pas allée au théâtre, elle n’était pas entrée dans un musée depuis son enfance.

Pellegrin lui avait révélé les arts. Pour elle, il avait fait venir une admirable collection de photographies, d’après les chefs-d’œuvre de la peinture italienne, et Laurence, à les voir, avait pressenti la beauté inconnue, comme on devine une forme d’après le contour de son ombre. Il était aussi un remarquable musicien, et sur le vieux piano il jouait les œuvres classiques et la musique moderne la plus raffinée.

Homme extraordinaire, à qui manquait le don créateur, mais qui croyait que « comprendre, c’est égaler », aristocrate puisqu’il était artiste et sûr des droits que confère une individualité puissante ! Il était cependant simple, bienveillant et doux. Dès son arrivée, il avait séduit madame de Préchateau, et Désirée, et jusqu’au chat de la cuisine…

Laurence s’était défendue quelque temps, contre ce charme singulier ; elle avait accepté la compagnie, la conversation, le merveilleux