Page:Tinayre - Les Lampes voilees.djvu/74

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un damné ! Il n’était pas seul. La Dame du Paradis descendait vers lui, quand il l’évoquait, vêtue de lumière et de flamme, dans un nuage de fleurs.

Sans doute, il lui écrivait, chaque soir, dans la cagna humide, aux lueurs d’un mauvais lumignon, indifférent aux explosions sourdes qui faisaient trembler la plume dans sa belle main abîmée par le fusil. Il ne portait pas ces bagues d’aluminium que les soldats cisèlent dans la fusée d’un obus ; mais il avait gardé l’anneau d’un vieux travail vénitien, cet anneau d’or vert où des coquilles marines composaient le poétique blason du Pellegrino d’amore. Et celle qui lui avait donné cet anneau attendait, triste et fidèle, dans sa maison de Fiesole.

Pourquoi avait-il fait cette confidence à Laurence de Préchateau, pourquoi ? Il n’avait pas même songé à excuser la faute d’une femme qui avait quitté, pour lui, son foyer et ses enfants, d’une femme qui portait encore le nom d’un autre homme. Il ne savait donc