Page:Tinayre - Les Lampes voilees.djvu/75

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pas, lui qui savait tant de choses, que la vierge sage est sans pitié pour le péché d’amour ?

Laurence n’aimait pas ce souvenir et pourtant, elle s’obligeait à l’évoquer, chaque fois qu’elle pensait trop longuement, trop complaisamment à Pellegrin, chaque fois qu’elle avait envie de lui écrire, chaque fois qu’elle feuilletait ses lettres.


Ah ! comme elle était lasse, comme elle avait le cœur pesant et les nerfs tendus, ce soir ! Le verbiage de Désirée l’assourdissait ; la flamme, oscillante devant ses yeux, lui communiquait une sorte de vertige. Elle recula sa chaise, ferma ses paupières. Ses doigts se crispaient sur son ouvrage, ses doigts minces, abîmés par les besognes domestiques et qui n’avaient jamais porté d’anneau.

— On marche dehors ! dit tout à coup la vieille dame.

Le chien du voisin aboya. Des pas résonnaient sur la terre dure et sonore, et la clochette du portillon tinta.