Page:Tinayre - Les Lampes voilees.djvu/88

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Ensemble, nous avons travaillé, causé, rêvé peut-être, et nous sommes des amis, et vous semblez tenir à moi, mais j’ignore toujours votre plus profonde vie intérieure, comme vous ignorez ma vie extérieure et sociale. Je souffre à la pensée que votre affection ne va pas au véritable Dominique Pellegrin, qu’elle lui est volée en partie par le personnage à demi fictif que vous appelez de ce nom. Il me paraît que ne connaissant rien des passions, vous pourriez peut-être en deviner la nature et les conséquences comme vous devinez la poésie dantesque à travers ma pauvre version française. Et je décide de parler… C’est sur la lisière de la grande plage où se brise l’Océan. Je raconte ma vie, ma jeunesse éprise de science et de beauté, mon labeur forcené, mes fugues et mes folies, ma passion de l’aventure et mon goût de la retraite studieuse, mes amours et mon amour. Je dis la grâce et la noblesse de celle qui a tous droits sur ma vie, par l’éclatant sacrifice qu’elle me fit, de son honneur social et de sa fortune, par sa fidélité, par ses dou-