Page:Tinayre - Les Lampes voilees.djvu/95

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sur moi, plus forte que l’amour qui est plus fort que la mort.

» Je revins à Saintes dans un état indescriptible qui tenait de la joie et du désespoir. Tantôt j’étais prêt à partir vers vous, sûr que tout malentendu s’éclaircirait, que toute prévention tomberait quand nous serions l’un devant l’autre ; tantôt je mesurais avec effroi l’abîme que creusent treize mois de silence, et sur votre visage impassible, je lisais, comme sur la couverture d’un livre fermé, un mot que je ne pouvais comprendre mais qui avait la force impérative d’une interdiction.

» Le débat s’achève ; ma décision est prise. Je veux vous revoir.

» Si je vous savais heureuse, je n’aurais rien à vous demander, parce que je n’aurais rien à vous offrir. Mais ce peu de bonheur que vous promet ma tendresse, pourquoi, m’ayant compris et m’ayant pardonné, le refuseriez-vous ?

» Je n’ose écrire ici les mots que je n’aurais pas le droit de prononcer, ces mots, si légers aux lèvres de la jeunesse, qui engagent tout